Quelques heures seulement après la résurrection de l’huître, quelque part au dernier étage d’un gratte-ciel  manhatannesque, une assemblée composée d’actionnaires à l’apparence sévère, de secrétaires mielleuses, de scribes zèles et d’APR lui même, a voté à l’unanimité la reprise de la rubrique « Test », du fait de son caractère « hautement huîtreux », et de son contenu, bassement racoleur voire graveleux par endroits, et ce en dépit de son interdiction un an plus tôt par les nations unies, la croix rouge, amnistie internationale, et le pape Jean-Paul II.
Un comité de spécialistes en marketing-tests a récemment jugé les tests existants incomplets. Il a été décidé de tous les refaire.
C’est reparti.
Notre premier testeur devra tester de façon extensive l’abstinence, en se pliant à un protocole opératoire par nous choisi.
Le test peut commencer.



L’huître a testé pour vous : l’abstinence.


Le présent dossier ce compose de cinq parties :
- Introduction
- Interview préliminaire du testeur.
- Etude bibliographique.
- Protocole expérimental
- Déroulement de l’expérience.
- Conclusions et interprétation.


Introduction :

Art de vivre ou simple passe temps pour mari cocu, l’abstinence joue un rôle essentiel dans la vie de beaucoup de gens (résultat enquête Pipop/Hypnose 1997), au même titre que l’Origami. De nombreux sites Internet et ouvrages de littératures en vantent d’ailleurs les vertus.
C’est pourquoi  l’huître s’est essayée pour vous à cette pratique ancestrale qui se perpétue encore de nos jours dans certains monastères.
Tout d’abord : qu’est-ce que l’abstinence ?
L’abstinence est le fait d’éviter les relations sexuelles.
L’abstinence est –elle dangereuse ?
C’est ce que nous allons tenter de déterminer.


Interview du sujet:

L’huître : « Bonjour et bienvenu à toi, Bernard Garlord »
B.G. : « Bonjour Monsieur… Madame, peut-être ? »
L’huître : « Peu importe. T’as t’on déjà fait remarquer qu’en modifiant judicieusement l’ordre des lettres de ton nom de famille, on obtient Grolard ? Etonnant, non ? »
B.G. :  « … »
L’huître : «  De toutes façons, à partir d’aujourd’hui on t’appellera 001. »
001 : « Ah bon ? »
L’huître : « Oui. Le premier d’une série d’intrépides testeurs ! J’attends beaucoup de toi, tu sais… »
001 : « Je ferais de mon mieux. Promis. »
L’huître : « Très bien. Je n’en attendais pas moins. Entrons dans le vif du sujet, si tu veux bien…. Pour toi l’abstinence c’est quoi ? »
001 : « Ben euh… c’est quand on nique pas, quoi… »
L’huître :  « Effectivement, mais c’est un peu vague… Quelle est ton expérience personnelle de l’abstinence ? »
001 : « Oh ben pour ce qui est de pas niquer je suis très fort. Si vous avez lu mon interview d’embauche, vous devez le savoir ! Y a eu cette fois où j’ai pas niqué un soir à Saint-Tropez en sortant de cette boîte nudiste… »
L’huître : « Je l’ai lue. Effectivement ce n’était pas faute d’avoir essayé... et tu avais fini saoul comme un cochon, incontinent, vomissant tripes et boyaux, y compris sur les chaussures de ton ami d’alors Sylvain qui ne t’a plus jamais adressé la parole depuis. »
001 : « Eh ! Mais je n’ai jamais dit ça… »
L’huître : « Ce n’est pas grave. Nous savons. Ne t’en fais pas, c’est normal, tout le monde a droit à l’erreur, n’est-ce pas ? Mais cette misère sexuelle, tu la vis bien ? »
001 : « Ben y a des fois, c’est un peu dur. »
L’huître : « Ou pas assez. »
001 : « Non mais là ! »
L’huître : « Excuse-moi, je plaisante. Continue. »
001 : « Oui, donc c’est un peu du… difficile. »
L’huître : « Oui, voilà. »
001 : « Y a des fois où on aimerait bien… »
L’huître : « Oui, mais on ne peut pas… »
001 : « Ben non, c’est le problème… »
L’huître : « Oui, voilà. »
001 : « Et alors on sent cette tension qui monte… »
L’huître : « Oui, cette tension… »
001 : « Qui monte, et on devient un peu nerveux… »
L’huître : « Oui, un peu nerveux… »
001 : « Et on aimerait bien… »
L’huître : « Oui, tu l’as déjà dit. »
001 : « Oui. Et on ne peut pas. »
L’huître : « Ben non. »
001 : « Ben non, c’est… »
L’huître : « Le problème, oui, je sais. »
001 : « Et on devient un peu irritable, et fatigué… »
L’huître : « Fatigué ? »
001 : « Oui, las. Et on se sent déprimé par moments sans trop savoir pourquoi… »
L’huître : « Jusque là rien de bien grave… »
001 : « Jusqu’à ce que la sensualité de contours rebondis ne nous rappelle tristement où on en est. »
L’huître : « Oui, et on aimerait bien… »
001 : « Oui, mais on ne peut pas. »
L’huître : « Ben non. »
001 : « C’est le problème. »
L’huître : « C’est le problème. »
001 : « Ce n’est pas marrant tous les jours mais on survit. C’est important de se trouver un hobby palliatif. Par exemple moi je joue de la trompette, et… »
L’huître : « OK. Tout ça me semble normal. Et quand je te montre ces photos de corps sublimes dénudés, tu souffres, évidemment… »
001 : « Ben ça dépend… quoique pas mal celle-là… ah ouioui, là ça fait mal. »
L’huître : « Oui, et elle a dans les yeux ce petit regard qui semble dire : « Viens là mon canard, viens mon grand, on va s’amuser, juste tous les deux. » »
001 : « Oui… »
L’huître : « Et quand j’appuie là, ça fait mal ? »
001 : « Oui. »
L’huître : « OK, j’ai avec moi ces merveilleux suppositoires… prends-en un par soir, et tout ira mieux. »
001 : « Euh… au niveau sexuel ? »
L’huître : « Ben non. Au niveau de là ou ça fait mal quand j’appuie ici comme ça. Et puis psychologiquement, c’est un réconfort certain. Le bien être assuré.  »
001 : « Ah. Euh… merci. »
L’huître : « C’est 37 Euros. Pour cette fois-ci je les mets sur ta note de frais. Par contre si tu as des amis qui apprécient, tu peux me les amener, j’en ai en rab. »
001 : « Des suppos ? »
L’huître : « Oui. Mais revenons en à ce qui nous préoccupe.  Il me semble que tu commets  une faute de vocabulaire. Attention à ne pas confondre abstinence et misère sexuelle. C’est très différent. »
001 : « Ah ? »
L’huître : « La misère sexuelle, ça n’a rien d’exceptionnel. A l’huître, on en est tous là. L’abstinence est voulue, consciente… c’est un vrai mode de vie. »
001 : « Oui, mais… »
L’huître : « Je sais, tu n’as pas de vie sociale, et tu n’as jamais eu l’occasion de vraiment pratiquer. Mais ne t’inquiète pas, nous fournissons le protocole expérimental. »
001 : « Hein ? Je ne comprends pas, vous… »
L’huître : « Ne t’inquiète pas 001, tout va bien se passer, nous nous occupons de tout. Tout ce que nous te demandons, c’est d’emprunter ce mode de vie, l’abstinence. Vis ta vie normalement, tu ne devrais pas avoir trop de difficultés d’adaptation. »
001 : « Je croyais que je devrais faire des tests psychologiques, des trucs en laboratoires… »
L’huître : « Mais non, voyons. La position officielle de l’huître a toujours été contre la vivisection. Ne t’inquiète pas, rentre chez toi, écris un mémo, un journal de bord, si tu veux, et nous te contacterons pour récupérer les écrits en temps voulu. »
001 : « Dans combien de temps à peu prés ? »
L’huître : « Bientôt. »
001 : « Quand ?… »
L’huître : « Bientôt. Rentre bien, 001. A la prochaine. »




Etude bibliographique :

Avant de rentrer dans les détails du test lui-même, commençons par nous documenter sur la théorie de la chose. Voici en vrac ce que j’ai pu trouver sur l’Internet.
«  N'importe qui choisissant l'abstinence sexuelle se heurtera à l'incompréhension de ceux qui ne s'imposent pas de telles restrictions. On se moquera de vous et on vous insultera parfois, on vous donnera l'impression de ne pas être dans le coup, de ratez les plaisirs les plus essentiels de la vie et vous vous sentirez exclus. Certains mettront en avant leurs performances amoureuses pour abaisser votre inaptitude. Nous vivons dans une société saturée par le sexe: que ce soit à la télévision, à la radio, dans les journaux ou dans les annonces publicitaires, tous les médias donnent l'impression que le monde tourne autour du sexe.»  (Source Internet).
Les règles de base de l’abstinence sont :
Ne pas toucher: Ne jamais toucher les organes sexuels et les zones sensibles; c'est la règle la plus évidente. Ceux ou celles qui seraient tentés d'aller plus avant pour montrer qu'ils ont une forte volonté portent un défi au désastre et à force d'aller trop loin, ils auront franchi le pas avant même de s'en rendre compte.
Rien n'interdit que l'on s'embrasse ou que l'on se tienne la main. En revanche, il ne vaut mieux pas mettre les mains aux endroits où on ne les contrôle plus ou embrasser des zones érogènes.
Ne pas regarder: Ne pas regarder de choses qui peuvent donner envie de passer outre les règles que l'on s'est imposé et plus particulièrement, ne jamais regarder ce qui a trait à la pornographie même par curiosité. Même ce qui est qualifié d'érotisme soft est dangereux car il faut peu de choses pour que l'imagination soit excitée.
Ne pas penser: Ne pas se laisser aller à des pensées qui vont contre l'idée de l'abstinence sexuelle que ce soit par des conversations, par des lectures ou simplement en laissant vagabonder son imagination. Même si les pensées qu'on peut avoir n'ont pas d'effets immédiats, elles aident à diminuer la valeur de l'idée que l'on a de l'abstinence sexuelle. Si ces idées s'implantent bien dans l'esprit, elles faussent l'amour que l'on peut avoir pour son petit ami et, à un certain point, elles peuvent faire complètement balancer nos convictions en agissant contre ce qui nous paraissait bon au départ comme l'abstinence sexuelle.

Ceci dit, faisons place aux résultats du test.



Protocole expérimental :

Le conditionnement du sujet a été fait à son insu. Son lieu de travail ainsi que toutes les pièces de son domicile ont été truffés de mini-caméras et de micros afin d’analyser au mieux son comportement.



Déroulement de l’expérience : rapport hebdomadaire chronologique.

Semaine 1 :

Lundi : Je viens d’accepter d’être testeur pour l’huître. Comme ils m’ont dit, je commence un journal. Ca leur fera du matériel. Qu’écrire ? Ma vie n’est pas si palpitante… J’ai l’impression que je vais me faire de l’argent facile avec ce test. Franchement l’abstinence, je vois pas ce qu’il y a de spécial. Mais j’ai aussi l’impression qu’on me cache aussi des choses… Bah... J’aime bien les surprises.

Mardi : Rien de spécial aujourd’hui. J’ai essayé les fameux suppos de l’huître. La vache ! Ca déchire l’anus ! Je crois qu’ils ont du confondre décontraction et dilatation… Bref. J’ai jeté les autres. 37 euros pour ça , je le crois pas. Faut être maso.

Mercredi : RAS.

Jeudi : C’est un peu pénible d’écrire quand on n’a rien à dire mais bon… pensons pognon ! C’est mon quatrième jour de test, je vais bien. Et j’ai repris du flan au caramel ce midi.

Vendredi : Ce soir, c’est week-end ! Je sens que ça va être bon. Jean-Pierre, du bureau, fait une soirée chez lui. Paraît qu’il y aura sa cousine qui est trop bonasse ! Hum… mais pensons test… bah ! Après tout j’ai aucune chance.

Samedi : En fait j’ai pas pu aller à la soirée de Jean-Pierre. J’avais rendez-vous avec Philippe pour qu’on y aille ensemble… il est jamais venu ce con. Je l’ai appelé sur son portable, il m’a dit qu’il avait oublié. Il s’est dépêché de se préparer, mais le temps de venir on était déjà trop à la bourre. En plus il avait pas trop le moral… On a fini dans un bar à ressasser ses chagrins d’amour.
Qu’est-ce qu’on s’en bat les couilles de ses chagrins d’amour ?
C’est vrai quoi, y en a qui meurent de solitude dans nos villes. Alors un peu de pudeur je vous en prie. (Je ne parle pas de moi, hein…)
Enfin bon, ce soir, ça risque d’être plus fun. On sort entre potes avec Alain et toute la bande, ça va être chaud chaud chaud.
Enfin, faut y croire.

Dimanche : J’ai passé une plutôt bonne soirée hier soir. J’avais un peu bu avant d’aller en boîte, mais pas trop… enfin j’ai bu aussi à l’intérieur. On a bien rigolé.
Bon, d’accord, j’avais quand même bien bu. Maintenant que j’y repense j’ai refait le coup du « dis camion » … c’est pas très bien passé… après je me souviens plus, mais ça a dû être soft. En tout cas les autres m’ont ramené, et ça c’était vraiment sympa.

NDLR : Conditionneur d’abstinence « Inside »™ (copyright Oyster 2003) en place. Il semble que ce fut une expérience douloureuse. A part ça, semaine des plus normales aussi bien au niveau professionnel que privé. Contacts avec la gent féminine des plus limités, y compris les collègues de bureau.
Le sujet s’est ridiculisé à deux reprises samedi soir au cours d’une sortie boîte un peu arrosée.
Il a aussi vomi dans la voiture de son ami.
Opportunités de rapports sexuels : 0.



Semaine 2 :

Lundi : C’est toujours dur la reprise du lundi. Demain soir je dois dîner avec les collègues. Y aura Bruno et sa femme.
Et la femme de Bruno, elle est bonne.

Mardi : Je reviens du repas mentionné précédemment. J’ai pas arrêté de mater la femme de Bruno. En plus elle était habillée avec un petit décolleté.
Je crois que ça s’est remarqué. Tant que c’est pas Bruno, ça va…

Mercredi : Je crois que Bruno a remarqué, pour l’autre soir. Va falloir que je me calme, moi.

Jeudi : Plein de boulot, aujourd’hui. Je suis moulu. Heureusement demain c’est samedi.

Vendredi : J’ai découvert à mes dépends qu’aujourd’hui on n’est pas samedi quand mon chef de service m’a réveillé vers 10h. Faut que je me reprenne en main…
Ce soir je dîne avec Alain. Ca va me détendre.

Samedi : J’ai dîné chez Alain hier soir. J’ai été malade toute la nuit.
J’ai toujours dit que la moule pourrie était l’animal le plus dangereux.
Aujourd’hui, c’est repos et tisane… super week-end.

Dimanche : Ce matin j’ai fait venir le plombier pour déboucher les toilettes qui s’étaient emplies des moules d’Alain de façon critique au cours de la nuit.
Le plombier le dimanche, c’est cher.
Ce week-end commence à m’énerver, je sens que je vais aller me promener pour me changer les idées.

NDLR : Semaine standard. Deux dîners notables, l’un professionnel, l’autre entre amis. RAS. Week-End TV. Promenade du dimanche au parc.
ORS : 0.



Semaine 3 :

Lundi : Je suis presque content que le week-end soit fini. C’était un peu le rush au bureau aujourd’hui. Suis claqué moi, allez hop, au dodo.

Mardi : Rien de spécial aujourd’hui. Il a plu et la bouffe à la cantine était dégueu.
Mais je garde le sourire.

Mercredi : Apparemment les collègues ont prévu d’aller boire un coup demain soir. Ca devrait être sympa. En plus y aura la nouvelle qui m’a l’air ma foi fort généreusement poitrinée. Ce sera l’occasion de tester mon abstinente volonté.

Jeudi : Je confirme ce que je disais de la nouvelle. Heureusement elle ne bosse pas dans notre service. Ce ne serait pas sérieux. Je sens que ça va être difficile, ce soir…

Vendredi : Son décolleté m’a tué. Et pas que métaphoriquement. Je n’aurais pas du lorgner dessus. Je n’aurais pas du boire autant. Je n’aurais pas du lui susurrer des mots doux à l’oreille.
Et j’aurais du garder mes mains sur la table !
Elle m’a giflé devant tout le monde !
La bonne ambiance au bureau ce matin… Je suis grillé définitivement.
Maintenant c’est certain ce ne sera plus jamais comme avant. La honte. Je suis vraiment  un gros mauvais. Le plus nul de tous. Quel con.

Samedi : Hier soir y a eu un truc… bizarre… je me suis senti… bizarre… sûrement rien de grave. Je joue au foot avec Philippe et d’autres potes cette aprem. Il me faut un peu d’exercice.

Dimanche : On est allé en boîte avec les gars du foot hier soir, c’était pas mal. Pour une fois je n’avais pas trop bu.
Je crois que je commence à bien maîtriser l’abstinence.

NDLR : Semaine standard. Une sortie en bar en semaine sanctionnée d’un râteau suivie d’une soirée de grosse déprime. Tentative de masturbation vendredi soir échouée grâce au procédé « Inside »™.
Week-End sportif avec quelques amis.
Un râteau en boîte samedi soir.
ORS : 0.



Semaine 4 :

Lundi : Vu que je n’ai rien de spécial à raconter ce soir, je peux peut-être faire un petit point quant à mes trois premières semaines d’abstinence.
On ne peut pas vraiment dire que c’était mieux avant… en fait je pense que même en étant un peu tatillon on peut considérer que c’est exactement pareil.
Je laisserai soin au lecteur de l’huître de porter un jugement de valeur, je suis pas d’humeur à l’introspection ce soir.
Tiens, je vais me faire un cassoulet.

Mardi : C’est incroyable ce que les femmes sont impulsives : ce matin j’ai effleuré le postérieur d’une secrétaire du bout des doigts. C’était même pas volontaire, y a eu une bousculade à la sortie de l’ascenseur… Elle m’a giflé devant tout le monde ! (Elle aussi…)
J’ai l’impression que ma réputation s’indélébilise de jour en jour.
Ca craint.

Mercredi : Je suis sur que les collègues parlent de moi derrière mon dos.
Je vois bien leurs regards amusés à la cantine.
Faut que je me reconstruise un semblant de crédibilité. Il faut agir.
C’est pas gagné.

Jeudi : Ce soir je suis allé voir un bon film avec Alain. J’ai passé une bonne soirée. C’est vraiment un pote Alain.
Je lui ai demandé conseil quant à ma crédibilité… il m’a conseillé de me comporter normalement en attendant que ça se dissipe.
Mais je me comporte déjà normalement !!!

Vendredi : C’est le week-end. Samedi et dimanche je retourne chez mes parents. Un petit retour aux sources devrait me faire du bien. Et ce soir, c’est la glande. Rien de prévu. Relax. La TV, les chips.

Samedi :

Dimanche : J’ai rien écrit hier, j’avais oublié mon journal à la maison. J’ai passé un bon week-end. Les bons petits plats, les cousins cousines… Bonne ambiance. Ca fait plaisir de sortir un peu de son cadre de travail de temps en temps. La campagne, les arbres, c’est bien aussi.
Sinon vendredi soir… ça m’a refait le coup de la semaine dernière. Curieux…

NDLR : Semaine standard. Une gifle d’une secrétaire mardi matin. Sortie cinéma jeudi soir : RAS. Tentative de masturbation vendredi soir échouée grâce au procédé « Inside »™. Week-End en famille.
ORS : 0.



Semaine 5 :

Lundi : J’ai la patate, moi, aujourd’hui. Ce week-end m’a vraiment fait du bien.
A part ça rien de bien palpitant.
Ah si, j’ai glissé sur une peau de banane en rentrant du bureau. C’est idiot mais ça me fait rire.
Je croyais que ça arrivait que dans les BDs.

Mardi : C’est incroyable : J’étais au bar avec Philippe, on discutait tranquilos en buvant de la mousseuse et j’avais remarqué qu’une superbe blonde nous observait depuis déjà quelques temps. Et puis Philippe est allé faire un tour chez les messieurs, et là, tout-à-coup, sans crier gare, cette splendide jeune femme s’est approchée de moi, et me regardant ardemment droit dans les yeux, elle m’a dit d’une voix trop sensuelle :  « Vous avez du feu ? ».
Bon, depuis que j’ai décidé d’être abstinent, je n’en ai pas sur moi. Néanmoins pour me faire pardonner, j’ai décidé de lui offrir une bière. Coup de bol, Philippe en avait commandé deux avant d’aller se soulager, j’ai donc pu offrir mon coup gratos.
En revenant des toilettes, Philippe a eu l’idée judicieuse de nous laisser seuls.
Il est sympa Philippe.
Je crois que j’ai été très fort. J’ai fait des efforts mais je crois que ça a payé. Elle avait l’air passionnée par ce que je disais. Scotchée. J’ai même réussi à placer les théories sur le coup de foudre et le destin. C’est allé très loin.
Bref, elle m’a même demandé mon numéro.
Bon, j’ai oublié de lui demander le sien, mais je sens qu’elle va rappeler.
Faut y croire.
En plus elle s’appelle Pamela ! Vous y croyez-vous ?!
Je crois que je prépare bien mon après-abstinence !

Mercredi : Je crois que Philippe m’en veut un peu. Faudra que je pense à lui payer un coup un de ces soirs.
Pamela n’a pas rappelé.
Pas encore.

Jeudi : Pamela vient de m’appeler !
Elle fait une bouffe samedi soir avec des amis (amies ???). Et elle m’a invité !
Il faut que je me prépare psychologiquement. Pas question de merder.

Vendredi : Demain c’est le grand jour. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir mettre ? Il paraît que dans ce genre de situation il convient de s’habiller en noir. Ca fait « latin lover ». Ca emballe.
Ah merde, l’abstinence… bah, on verra comment ça se passe.
C’est quand même de moi qu’il s’agit…

Samedi : Encore deux heures d’attente… Récapitulons… Ne pas fixer les décolletés. Ni les fesses. Y aller civilisé. Se montrer souriant, faire de l’esprit… putain mais comment je vais faire ???

Dimanche : Les copines de Pamela sont des mega bombes aussi. En plus Pamela avait une tenue carrément sex. C’était pas facile de se détendre. Mais après quelques verres ça allait. Je commence à croire que j’ai du succès avec les femmes. C’est étrange. Enfin bon. A la fin du repas la plupart des gens sont partis et je me suis retrouvé seul avec Pamela. Elle m’a allumé d’une force !
Bon, soyons clair, il ne s’est rien passé. Abstinence quand tu nous tiens !
Elle a dit qu’elle rappellerait bientôt.
Je deviens fou.
Sinon j’ai encore eu cette étrange mal de ventre samedi soir… faudrait que je vois un docteur un jour…

NDLR : Tout se déroule comme prévu. Le sujet se montre réceptif aux stimuli. Tentative de masturbation samedi soir échouée grâce au procédé « Inside »™. Dimanche : promenade solitaire le long de la rivière.
ORS : 1.



Semaine 6 :

Lundi : Pamela vient de rappeler ! C’était pas une blague, elle l’a vraiment fait ! Elle est folle de moi ma parole !
On doit se voir demain soir ! Je me tâte quant à mettre un terme à mon contrat avec l’Huître. C’est vrai, merde, ça fait déjà cinq semaines que je teste, ça devrait leur suffire. Ils vont quand même pas me casser mon coup bordel.
Des coups comme ça, pour moi, c’est des signes du divin.
Tiens si je survis à l’abstinence, faudra que je me convertisse. Enfin, en cas d’échec avec Pamela… ‘tain je parle déjà d’échec au deuxième rendez-vous alors que c’est elle qui m’appelle… chuis vraiment un louseur dans l’âme.

Mardi : Bon, elle va arriver dans quelques minutes, je me suis fait beau, j’ai tout rangé, j’ai préparé des bons trucs à bouffer.
On ne pourra pas dire que je n’ai pas fait d’efforts.  

Mercredi : C’est une catastrophe. Je suis maudit.
Tout se passait très bien. Le repas, tout… Elle avait bu pas mal de champagne, et pour le dire poliment, elle était clairement d’humeur. Elle était assise tout près de moi, elle me parlait tout bas… et puis elle a commencé à me faire des bisous dans le cou… à me caresser le poitrail… à me déshabiller… j’étais comme un fou ! J’ai commencé à la tripoter, tout ça… et puis au moment de conclure, cet espèce de mal de ventre… et puis plus rien. Plus aucun désir.
Mon érection est retombée plus vite que mon soufflé au fromage.
Je lui ai dit que pas ce soir et je l’ai froidement congédiée.
Et une fois qu’elle est partie je suis « redevenu » moi même. Je crois que je m’en suis jamais autant voulu de toute ma vie.
Pourquoi ?… POURQUOI !?

Jeudi : C’est la déprime. Je suis une merde. En temps normal je suis pas foutu de me trouver une copine, même moche et con. Et là, la providence en sa grande magnanimité place sur ma route cette… femme, cette beauté absolue, qui plus est sympathique, compréhensive, intéressante, même… et je n’y arrive pas ! Alors que je n’ai même pas d’efforts à faire ! Un simple oui de ma part et c’est plié ! C’est comme si mon corps la rejetait à l’insu de mon cerveau ! Alors que normalement c’est le contraire !
Et merde !

Vendredi : Putain de semaine. Les collègues commencent à me gaver, de même que la nouvelle avec ses pulls moulants de merde qui fait de la provoc. Putain. Je vaux mieux que ça.

Samedi : Bon, c’est le week-end, j’ai besoin de me défouler. Je vais courir cette aprem.

Dimanche : Hier soir j’ai fini au bar. Bu comme un trou. Je crois que je vais faire un peu de gym aujourd’hui.
J’ai besoin de me défouler.
Et de dessaouler.

NDLR : Le sujet commence à montrer des signes d’agitation. Après l’épreuve de mardi soir, il est resté 2h à se regarder dans le miroir. Fin de semaine sportive.
ORS : 1.



Semaine 7 :

Lundi : Je ne sais pas ce qui m’a pris ce matin. La nouvelle est venue me faire chier avec des formulaires à remplir.
Elle était à coté de moi, et elle arrêtait pas de se pencher… J’ai craqué. Je lui ai dit de remballer sa camelote et d’aller faire chier les autres, de me laisser travailler. « Ici c’est un bureau, on vient pour travailler, pas pour déballer ses attributs sexuels, on est pas au Mambo Club, bordel ! » que je lui ai dit.
Je me suis fait gifler.
Et puis elle a été se plaindre à mon chef. Et j’ai eu le droit à une petite discussion avec lui, avec son jargon managerial et sa fausse compassion et ses discours appris : « Il faut se reprendre en main, la bonne marche du service passe par un comportement optimum de la part de chacun d’entre nous, et blablabla ».
 Il a pas tort ceci dit.
 Je lui ai dit que ce n’était pas professionnel de mettre une bombe sexuelle dans les pattes d’un service déjà bancal, composé majoritairement de males célibataires relativement frustrés.
Il m’a dit de ne pas généraliser mon cas au service.
Il a pas tort ceci dit.
Faut que je me ressaisisse… s’agirait pas que je perde mon boulot. Retrouver le sens des priorités.
1) Garder son boulot
2) Résoudre mes problèmes personnels et rattraper le coup avec Pamela.
Et pas l’inverse, sinon c’est le bordel.
C’est déjà le bordel.

Mardi : Pamela m’a rappelé ! Elle s’est excusée d’avoir été aussi pressente ! Elle m’a remercié de n’avoir pas profité d’elle alors qu’elle était si « fébrile ». Elle croit que je suis un type bien !
C’est un miracle. Il y un Dieu et il a décidé que moi aussi j’avais le droit de me reproduire, et pas seulement les mâles dominants aux attributs sexuels surdéveloppés. Un geste divin dans la compétition sexuelle. Un écart à la sélection naturelle. Je suis béni. Merci.
On doit se voir Jeudi soir.
Demain j’écrit à l’huître.

Mercredi :
'De : 001                                      à : L’Huître Defaite S.A.

Chère Huître,
Cela fait maintenant prés de 7 semaines que je teste assidûment l’abstinence, et j’aimerais pouvoir retrouver une vie normale. Tu avais dit que tu me contacterais « bientôt ». Je pense avoir suffisamment testé. J’ai décidé d’arrêter là.

Merci de me verser un salaire équivalent à 7 semaines rapidement, je t’envoie mes écrits demain.

001.'

Bon, on va pouvoir passer aux choses sérieuses…
J’ai encore eu… le symptôme étrange hier soir. La prochaine fois j’appelle le docteur.

Jeudi :
'De: L’Huître Defaite S.A.                         à : 001

Cher 001,
Tiens bon, tu es bientôt à la fin de tes épreuves, ce serait dommage de craquer maintenant. Je te rappelle que si tu avais lu l’alinéa 6 du paragraphe 5.3.A de ton contrat (page 374, les petits caractères en haut à gauche), tu saurais que en cas de désengagement de ta part avant la fin du test nous ne sommes pas tenu de te verser de salaire du tout. Ce serait bête, pense à tout ce bon argent que tu pourrais utiliser à la fin de ton test, par exemple comme indicateur de richesse pour attirer les femelles. Réfléchis donc bien avant de prendre une si soudaine décision.
Et puis entre nous, la vie normale, comme tu dis, je suis pas sur que tu veuilles vraiment y retourner. Enfin, c’est toi qui voit.

Ton Huître qui t’aime.'

Bon, ben j’ai eu la réponse de l’huître… je crois qu’il… elle a raison. Si je suis si près du but, ce serait dommage d’abandonner…
Je me suis encore fait enfler avec mon contrat de travail moi. Putain va falloir que je sois vigilant, par la suite…
Bon, elle arrive bientôt, je vais l’emmener dans un petit restau bien goutu, et on ira se promener.
Une promenade la nuit… il fait beau, c’est la pleine lune. Il faut que j’y croie.
Et à l’abstinence aussi.

Vendredi :

Samedi :

Dimanche : Je crois que mon silence de ces deux derniers jours en dit long sur ce qui s’est passé.
Rien, évidemment.
Je n’en ai pas dormi de la nuit Jeudi soir. Vendredi je suis arrivé au bureau dépenaillé, pas rasé, avec des cernes, et d’humeur massacrante. Mon chef doit se poser des questions. Et un chef qui se pose des questions, ce n’est jamais bon.
Je suis allé voir le docteur Samedi. Il ne m’a rien trouvé de spécial. Il m’a suggéré de me reposer et de prendre des vitamines. Il m’a même filé un petit cocktail ginseng-gingembre au cas où. C’est peut-être trop tard… on verra.
Je suis une merde.

NDLR : Le sujet d’est montré grossier envers une collègue lundi matin, ce qui lui valut une gifle, et un entretien avec son chef. 001 semble tendu. Tentative de masturbation mardi soir échouée grâce au procédé « Inside »™. Nuit blanche après l’épreuve de Jeudi soir. L’état lamentable de 001 vendredi matin n’est pas passé inaperçu au bureau.
ORS : 2.



Semaine 8 :

Lundi : Pamela vient de me rappeler. Gentille comme tout, elle ne m’en veut pas. Elle va passer ce soir, elle veut « en discuter ». Mais qu’est-ce que je peux bien lui dire, moi ?
Je peux essayer de lui dire que je teste l’abstinence… Elle comprendra si je lui dis que je n’en ai plus pour longtemps, et que je vais gagner plein de sous…
Mais et après ? Un jour elle saura que ça vient de moi… elle est tellement gentille… J’espère que ça va s’arranger.

Mardi : Je n’en peux plus, je craque. A quoi bon ? Je n’…
Et merde.

Mercredi : Alain a remarqué que ça ne va pas fort. Il m’a  invité à dîner. J’ai décliné l’invitation. A quoi bon ?

Jeudi : Pamela vient de m’appeler, elle va passer demain soir. A quoi bon ?
Je sens que je vais avoir des problèmes au bureau… mais je m’en fous.
Qu’est-ce qu’ils y comprennent à la misère humaine, ces espèces d’encravatés rongés par l’ambition et le fric ?

Vendredi : Pamela va arriver. Je ne suis ni lavé, ni rasé, mon appart est sans dessus dessous. Je vais peut-être faire un brin de toilette… Mais je n’y crois plus.

Samedi : Pamela avait pensé à tout : Elle avait amené un jeu de cartes. Elle était là, devant moi, sexy et n’attendant qu’une chose : que je lui saute dessus. Et nous jouions aux cartes et je n’arrivais pas à me concentrer et je perdais tout le temps, ce qui ne manquait pas de la faire rire. Je n’ai osé faire le moindre geste.  Je n’y crois plus. J’ai encore eu le symptôme étrange ce matin.

Dimanche : On s’est promené, avec Pamela. En rentrant chez moi, elle m’a encore « chauffé ». J’ai fini à poil, et puis plus rien, comme d’hab. Elle avait l’air contrariée, sur le coup, mais elle s’est finalement montrée super.
J’ai de la chance de l’avoir.
Ou presque.
En tous cas c’est l’huître qui devrait être contente…

NDLR : Le sujet a craqué pour la première fois lors de l’épreuve de lundi soir. Le sujet a cessé de se laver et de se raser Mardi. Grosse déprime les trois jours suivants. L’épreuve de vendredi soir s’est plutôt bien passée. Tentative de masturbation samedi matin échouée grâce au procédé « Inside »™. Nuit blanche dimanche soir.
ORS : 2.



Semaine 9 :

Lundi : J’ai pris rendez-vous avec Madame Tachu, sexologue de sa profession, demain soir. C’est petit mais j’ai décidé de réagir. Faut que je résolve tout ça avant que le test ne finisse…
J’ai dîné avec Philippe ce soir. Il a commencé à me parler de sa femme, de sa vie affective qui cherche son second souffle… je lui ai dit qu’il y en a qui aimerait bien déjà avoir le premier souffle et qu’il pourrait montrer un peu de pudeur en présence de personnes moins sexuellement fortunées.
Il m’a traité de « pauvre con » et s’est barré.
Je crois que j’ai abusé.
Il était sympa Philippe…
J’espère qu’avec Pamela ça finira bien…

Mardi : Madame Tachu a été très gentille. Elle a dit que mon problème était peut-être lié au stress.
Mouais.
Après elle m’a demandé de lui raconter mon enfance, tout ça. Soit disant que j’aurais été perturbé par une mère trop envahissante et des cousines omniprésentes.
Ca va, tout le monde a joué à touche-pipi étant petit y a pas de quoi en faire un plat, merde !

Mercredi : Je dois voir Pamela demain. Ce soir c’est mise en forme. Sport, Méditation, Cure de gingembre, et matage de film de boules.
Je te m’en vais te saturer tout ça d’hormones, quelque chose de sale…

Jeudi : La pornographie me dégoûte. Après cinq minutes, hier, j’ai du éteindre la TV. Putain, moi qui ai passé si longtemps à me constituer une vidéothèque (in)décente !
Mais qu’est-ce qui m’arrive ?
Peut-être qu’à force d’avoir été trop abstinent c’et devenu une habitude. C’est devenu une partie de moi. Je suis devenu abstinent. Comme ils le désiraient.
Serait-ce inconsciemment l’appât du gain ?
Pamela arrive dans une demie-heure, et je suis démuni.
J’aurais mérité mon salaire…

Vendredi : Ma vie est un cauchemar. Alors que dans mon coin j’étais allé voir médecins et sexologues pour « réparer » tout ça, Pamela a elle aussi eu l’idée de lancer l’opération « une libido pour Bernard ».
Elle est arrivée hier soir chez moi avec deux copines à elles, lesbiennes, et super sexys.  Elle a amené  la totale :
des vidéos pornos, des calendriers playboy, et des accessoires cochons pour ses amies et nous-mêmes.
Elle a mis une lumière tamisée, de la musique douce… après 10 minutes de cochonneries tactiles et de voyeurisme imposé je me suis senti mal. J’ai vomi tripes et boyaux.
Malade toute la nuit.
Et obligé de sortir une excuse minable du genre : « c’est les moules de midi qu’étaient pas fraîches… ».
J’ai senti comme une sorte de découragement dans sa voix, lorsqu’elle m’a dit que « c’est pas grave, on remettra ça demain… ».
Demain…
Putain je vais crever. Faut que je trouve une excuse.

Samedi : J’ai trouvé une excuse crédible… mais bon, ça ne fait que repousser l’échéance.
Et l’échéance maintenant, c’est demain.
Damned. Je suis fait comme un Mickey.

Extrait de la conversation téléphonique avec Pamela telle qu’enregistrée par l’huître:
« Elle : Salut chou ! Ca va mieux aujourd’hui ? Tu m’as fait peur hier soir… Il faut que tu fasses attention à toi !
Lui : Oui oui… et toi, ça va ?
Elle : Oui, carrément. Rien que de penser à ce soir, je suis toute chaude… et… humide… mmmm
Lui : Ah ? Ce soir…
Elle : Oui, baby ! Une orgie de sexe comme tu ne peux imaginer ! Paulina et Virginia ne peuvent déjà plus attendre… d’ailleurs elles sont là…
Lui : Ah. Passe leur bien le bonjour, hein… dis leur bien que je n’ai pas intentionnellement vomi dans le sac à main de… euh.. Virginia. Dis lui bien que j’insiste : je lui en rachèterai un. Un mieux, même.
Elle : Ne t’en fais pas. Elle aussi te désire comme au premier jour. Tu l’as déjà fait avec trois femmes ?
Lui : Non, j’ai jamais pu organiser ça… question de logistique, hein… disons que j’étais toujours disponible, mais que du point de vue féminin ça se goupillait jamais bien… tu vois ce que je veux dire, l’une fais du shopping, l’autre fais son repassage alors que la troisième préfère lire un livre sur l’émergence de la démocratie au moyen-orient…
Elle : Mmmm tu aimes les femmes cultivées ? Moi j’adooore… d’ailleurs Paulina qui étudie la littérature érotique est toute excitée…
Lui : Hum… et donc ce soir… ça te dirait d’aller au ciné ? Ils jouent Bloodsport avec Jean-Claude VanDamme… c’est un classique…
Elle : Quel blagueur ce Bernard ! Ce soir on va te faire explorer les aspects les plus secrets de ta sexualité ! Mes copines et moi on va te…
Lui : Ce soir ?!!! NAN !! C’est trop bête ! Je… ne peux pas ce soir… parce que… tu sais, je t’avais dit… je prend ces leçons de natation… c’est important de savoir nager de nos jours, hein… tu sais, je t’en avais déjà parlé… alors, euh… je pourrais pas… mais euh… c’est gentil d’y avoir pensé…
Elle : Tu es sur ? Pense à tous ces seins, ces fesses… Tu y prendrais goût…
Lui : Oui, sûrement…  Mais j’ai piscine.
Elle : Parfait. A demain alors.
Lui : Ouais, a+. On se rappelle, on se fait…
Elle : Oui, bien sur. Bonne nuit mon amour, nage bien. »

Samedi : Je vois Pamela ce soir.
J’ai peur.

Dimanche : Pamela a tenté une autre technique hier soir. Toujours aussi sexy, elle a réussi à me traîner dans un bar en sortant du ciné… Et là on a enchaînés les cocktails… Elle se faisait draguer de partout, mais elle a jeté tout le monde pour moi !
C’est beau, mais je m’égare.
Oui, je disais, on a bu, on a bu, et les statistiques sont très clairs là-dessus : Un mec bourré voit les femmes 25% plus attirantes qu’elles ne le sont en réalité.
Et 25% plus belle que Pamela , c’est le plus grand chapiteau du monde.
J’avais la bave aux lèvres quand elle m’a amené chez elle. On a commencé à s’embrasser, à se frotter, à se câliner, et là j’ai senti mon burger qui me remontait aux lèvres.
Je me suis reculé, je lui ai dit que je ne me sentais pas en forme ce soir… je crois même que bourré comme j’étais je lui ai dit que je ne couchais pas avant le mariage…
Elle a commencé à pleurer, à me demander pourquoi je ne l’aimais pas…
Bref, je suis rentré chez moi (d’ailleurs je me demande encore comment…).
J’avais toujours pensé que refuser de coucher avec des filles formidables était un trait de caractère, que ça donnait un sentiment de puissance. En fait non, pas du tout. Comme quoi, la vie n’est pas toujours si intuitive…
Je suis vraiment une merde infâme.
J’avais besoin de me confier… j’ai parlé à Alain ce midi. Il s’est bien marré.
Il s’est foutu de ma gueule l’enfoiré !
Je perds tous mes amis, ça ne va pas du tout…

NDLR : Il semblerait que le sujet ait assimilé l’abstinence. Nous avons décidé de désactiver le procédé « inside™ » pour la semaine prochaine. Résultats concluants jusque là.


Semaine 10 :

Lundi : Mon insomnie du week-end s’est répercutée douloureusement sur mon réveil de ce matin. Je me suis endormi dans mon cubicle en début d’après-midi… à l’heure de la sieste. J’espère que ça s’est pas vu…

Mardi : Putain, les collègues se sont tous pris en photo dans mon bureau, dans des positions grotesques avec moi en train de roupiller à côté. Et tout ça sur l’intranet… Je sens que ça va chier.
En tout cas je leur ai dit que je trouvais pas ça drôle du tout.
Surtout à la nouvelle qui s’est faite photographier avec ses seins sur ma tête.
C’est vraiment puéril.
Putain.

Mercredi : Pamela vient prendre le thé demain soir… Et merde… Trouve quelque chose qui puisse la distraire de son attrait pour le (mon) sexe…
..Trivial Pursuit.
Je sens qu’on va faire un trivial pursuit.
C’est amusant le trivial pursuit.
C’est instructif, le trivial pursuit.
Putain, elle me pousse dans mes derniers retranchements.
Après on tombe dans le matage de real TV. Et là ça devient dangereux.

Jeudi : Pamela est venue prendre le thé. Elle a commencé à me tripoter au milieu du trivial pursuit… elle a envoyé balader les pions et, déboutonnant son chemisier, m’a lancé un « Fais moi l’amour, Bernard, Maintenant, Tout de suite ! ».
Je lui ai expliqué que je n’étais pas celui qu’elle croyait, que ce n’était pas une heure pour faire des galipettes, surtout au milieu de la partie, et puis qu’il y a question pour un champion qui commence dans 15 minutes sur la trois, et que donc ça m’était tout à fait impossible présentement.
Elle m’a souri, s’est caressée langoureusement, m’a demandé si j’étais sûr.
Elle s’est contentée de la petite goutte de sueur qui s’est mise à perler sur ma tempe comme réponse.
Elle s’est rhabillée doucement, tout en me souriant.
« C’est exactement ce que j’attendais de toi, 001. Tu es un testeur hors-pair. »
Elle a sorti une petite carte de visite de son sac.
« Mon vrai nom n’est pas Pamela, mais Ursula. Je suis chroniqueuse à l’Huître Defaite.
Tu as fait du bon boulot.
Je passerai demain soir prendre les écrits et t’apporter ton chèque.
Après cela nous ne nous reverrons plus, mais je te souhaite d’avance bonne chance pour la suite. »
Je me suis vraiment fait enfler sur le contrat de travail.
Et merde.
Voilà, j’écris ça et c’est plié. Je prends mon salaire et je me casse.


NDLR : Le lendemain lorsque Ursula s’est rendue au domicile de 001, elle s’est trouvée face à une porte close.
Une rapide enquête apporta les éléments suivants :
Le matin, 001 s’était fait licencier, du fait de son comportement de ses derniers jours, de son look dépenaillé, de ses retards et ses siestes.
Perdant coup sur coup Pamela, Philippe, Alain et son emploi, il s’est jeté par la fenêtre du troisième… oubliant que le soir même il devait empocher un gros chèque de l’Huître pour sa prestation.
Heureusement il survécut à ses blessures, et grâce à son salaire de l’huître, put s’acheter un fauteuil roulant dernière génération tout à fait adapté à sa paraplégie.

Nos psychologues ont encore du mal à comprendre la tentative de suicide de 001. D’après les tests préliminaires il était solide… et pas si impulsif.
En revenant sur les enregistrements vidéos du dernier jour, on peut voir Ursula chuchoter quelque chose à l’oreille de 001 en partant.
Peut-être lui a-t-elle expliqué, pour le conditionneur d’abstinence et sa désactivation exceptionnelle ce jour même. Peut-être qu’il aurait bien aimé, mais cette fois c’était trop tard. C’eut été cruel.
Faute de preuves, nous ne pouvons prendre de sanction à son encontre. Néanmoins par mesures préventives nous l’avons remise au courrier des lecteurs.

Les écrits de 001 seront publié dans un numéro spécial de l’huître intitulé :  « 9 semaines et demie, la version sans sexe ! »

Enfin un article à la fois racoleur et informatif.



Résultats du test :
On constate que le sujet a consommé en moyenne 2 à 3 repas par jour sur la période du test. Il a pu pratiquer des activités variées telles le regardage de TV, l’écriture, ou la pratique du sport, sans avoir rencontré de problèmes insurmontables.
Un peu plus alarmant est la moyenne de sommeil, qui est tombée de façon drastique sur la fin du test, engendrant chez le sujet une certaine nervosité, ainsi que quelques troubles psychologiques mineurs (paranoïa légère, haine passagère de tout ce qui porte la moustache …).
Le comportement du sujet a eu tendance à se dégrader, comme prévu dans la bibliographie.
Mise à sac de chambre, cassage de vases, embrouilles avec les voisins, 001 est devenu invivable.
Et ses vaines tentatives de vandalisme sur la caméras placée dans sa cabine de douche le dernier jour étaient vraiment de mauvais goût .

Nous avons rendu visite à 001 à l’hôpital, deux jours après son suicide raté, pour prendre de ses nouvelles. Il a été tout à fait désagréable, et nous avons du le mettre sous sédatif.
Il nous a affirmé voir en rêve de petits extra-terrestres roses avec de gros seins débarquer de Venus. Jusque là rien d’alarmant.
Il a demandé qu’on lui amène Pamela, sa « fiancée » (ben voyons), de lui dire que maintenant il va beaucoup mieux (malgré son handicap), et que « Popol » est prêt.
On lui a pourtant expliqué qu’il n’y a pas de « Pamela », mais il n’écoute pas, c’est pénible.

Nous sommes revenus lui rendre visite un an après à son domicile.
Son infirmier personnel (les infirmières ne veulent plus travailler avec lui, soit disant parce qu’il est « un gros pervers, un gros dégueulasse.. »), nous a accueilli, et a bien voulu répondre à quelques unes de nos questions.
« De temps à autre, il veut qu’on le déguise en femme. Il a tendance à boire, aussi. Parfois il accuse les châtaignes d’être fainéantes, et les moineaux vulgaires, affichant cette sorte de malaise général que les génies possèdent et dont les fous se lamentent... », nous a-t-il confié. 001 lui même ne reçoit que très rarement. Il a beaucoup de mal à focaliser son attention sur ses visiteurs, en particulier masculins.
Néanmoins 001 a l’air d’être en de bonnes mains. (D’aucun diront que l’infirmier en question est homosexuel et que 001 se passerait bien de ses « bonnes mains », mais ce ne sont que des racontars.)


Pour commenter les résultats de ce test j’ai invité le Père Jean-François, de l’église d’à côté, Gérard Sesque, biologiste, Brice Deparla, consultant en pipo, et Babette, actrice de X et sexologue au 36 65 60 00 à ses heures perdues.
L’huître Defaite (HD) : Alors vous venez de lire le déroulement du test et son dénouement, quelles commentaires pouvez-vous en faire ?
Père Jean-François (JF) : C’est.. C’est inhumain ce que vous avez fait à ce malheureux ! C’est une honte ! Comment pouvez-vous ! On n’a pas le droit ! Pas le droit ! Vous m’entendez !?
HD : Allons mon père, iriez-vous jusqu’à dire que la chair est faible ?
JF : Oui, enfin non, quand même… mais vous entendrez parler de moi ! On n’a pas le droit de faire des choses pareilles ! On ne… argh…
HD : Oh lala ! Mon père fait un malaise, vite, il faut l’évacuer !
(Deux hommes de la sécurité emmène le corps, alors qu’un troisième nettoie le sang qui semble couler du dos du père sur le plancher.)
Oui, alors ou en étions-nous… Babette ?
Babette (B) : … Eh bien Monsieur...Madame peut-être ?
L’huître déballe son organe. C’est ignoble.
Babette : Euh… charmant… si seulement j’avais du citron…
HD: Restons sérieux. Brice?
Brice Deparla (BD): Oui, un commentaire: ce qui est arrivé à 001 est tragique. Mais il ne faut pas oublier que ça peut arriver à chacun d’entre nous.
HD : C’est à dire ?
BD : Nan, c’est tout.  Ca sent les crustacés, non ?
HD : Ah ? Gérard ?
Gérard (G) : Le cheminement de 001 est tout à fait analogue au comportement de tous ces animaux que l’on garde en captivité pour déconner, constamment éloignés des femelles. Ils deviennent tout fous ! Vous devriez voir ça, c’est amusant. Il commencent par se jeter contre les murs… des fois ils se font mal…
HD : Mais encore ?
G : D’un point de vue évolutionniste, trouver une femelle pour s’accoupler est de première importance dans la vie de tout mâle. Surtout dans nos sociétés modernes où on ne lutte pas trop pour trouver de la nourriture ou repousser des prédateurs. On a tout notre temps pour draguer, voyez… C’est pour cela qu’on a un aussi gros cerveau. Pour trouver de nouveaux trucs pour épater les femelles. Contourner leurs « systèmes de sécurité ». Draguer, c’est un full time job. Il faut savoir mentir, flatter, etc… ça demande du boulot.  Et quand un mâle se retrouve hors de la compétition sexuelle, il s’ennuie, forcément. Tous ses petits camarades font les jolis en boîte de nuit et lui, pardonnez moi l’expression, mais il se touche la nouille.
HD : Vous y allez un peu fort, non ?
G : Non non. Il y a une théorie qui dit que toute l’activité humaine n’est qu’un gros étalage d’ingénuité… qui n’a au fond qu’un but : épater la femelle. Quoiqu’on fasse, on le fait pour montrer nos qualités aux femmes. On se ballade en permanence avec un gros panneau virtuel qui dit : « J’ai de bons gênes, accouplons-nous ce soir, Thérèse. ». (Idéalement, la femelle s’appelle Thérèse…)
HD : Vous êtes sur ? Tout ce qu’on fait… on le fait pour… la bagatelle ?
G : Oui. Enfin, il y a une exception.
HD : Laquelle ?
G : Ecrire dans l’huître. C’est étrange, mais les tests sont formels… aucune femelle n’a jamais voulue s’accoupler avec un journaliste de l’huître. C’est édifiant.
HD : Babette ?
B : Oui, il a raison.
HD : Merci Babette. Brice ?
BD : Oui, j’ai un commentaire : Les femmes, c’est toutes des salopes.
HD : Vous y allez un peu fort, non ?
BD : Non, ça va… normal, quoi…
G : Vous vous méprenez. Vous êtes égoïstes, et ne pensez qu’à vous-même… Une femelle qui rejette un mâle ne fait pas ça par méchanceté. Elle fait ça POUR LE BIEN DE TOUTE LA COMMUNAUTE. C’est son rôle que de discriminer les mauvais gênes, qui après viennent nous polluer nos enfants et leurs enfants, et leurs enfants…
BD : Juste une petite remarque : C’est absolument injuste.
B : Non, ça va. Des fois c’est rigolo, aussi.
G : Une fois de plus vous pensez « morale », « culture ». Je vous assure qu’une fois que vous pensez « évolution », tout devient normal, et même beau.
BD : Putain…
G : On s’y fait, on s’y fait. Au début, c’est un peu dur à avaler. Mais avec l’alcool, on se fait une raison.
HD : Bon, mais et l’abstinence ?
G : On ne l’observe pas chez les animaux. Ou alors on appelle ça « Misère sexuelle ».
HD : Oui, on observe ça aussi chez les huîtres…
G : Euh … Ah ?
BD: Une remarque: L’abstinence a peut-être du bon. Je vais m’y mettre.
Boycottons les femelles.
Non mais elle se prennent pour qui ses grosses putes qui se baladent en mini –jupe et vas-y que j’te fais de l’œil, et vas-y que j’te fais du pied, et vas-y que je me fais payer des verres, mais dès qu’il s’agit de baiser y a plus personne ! Moi aussi, si je veux je peux refuser de coucher avec tout le monde ! Allons-y ! Soyons puéril ! Rien à foutre moi ! L’humanité continuera sans moi et pis c’est tout ! Si ça les amuse !
(Deux hommes de la sécurité raccompagnent Brice à la sortie.)
HD : Bon. Babette ?
B: Vous savez, dans ma profession, abstinence est synonyme de chômage... Y a des jours où on aimerait bien être abstinent… mais on ne peut pas.
HD : C’est très intéressant ce que vous dîtes là. Justement, 001 disait ça de la vie sexuelle : « Y a des jours on aimerait bien, mais on ne peut pas ».
B : Tiens, effectivement c’est amusant ça.
HD : J’ai dit intéressant, pas amusant…
B : Pardon.
HD : Oui. Enfin amusant… à la limite ça peut être distrayant pour nos lecteurs.
B : Diriez-vous que le monde est mal fait ?
HD : Dans un monde parfait l’huître n’aurait pas sa place. La misère humaine, c’est notre fond de commerce. Et le votre, Babette.
B : Je n’avais pas vu ça comme ça… Mais que peut-on faire ?
G : Il suffit de penser évolutionniste.
B : Oula…
HD : L’huître n’a pas pour vocation de refaire le monde On en profite suffisamment comme ça.
G : Pour en revenir à l’abstinence, on peut dire que ça ne sert à rien. Si vous avez de bons gênes, ce serait bête de ne pas en faire profiter la communauté. Si non, de toutes façons c’est la communauté qui vous contraindra à la misère sexuelle. Y a pas à se casser la tête : la vie est simple.
B : Oui. On en parlait l’autre jour avec Guntar sur le tournage de « Extension du domaine du lucre ». Il me disait qu’il gaspillait plein de bons gènes. Je lui ai fait remarquer que là ou il y a des gênes, il n’y a pas de plaisir, mais ça ne l’a pas fait rire. Il était très tendu sur le plateau…
G : Ben y a intérêt !
(Babette et Gérard rient de bon cœur. Ils partent main dans la main avec ce petit regard complice que ne connaît pas l’huîtreux, vers quelques manipulations génétiques indicibles.)
HD : Bon, on va conclure, donc pour Brice, l’abstinence a du bon, pour Babette, elle aurait du bon, et le père Jean-François est manifestement contre.
Gérard quant à lui, ne voit pas l’intérêt.
J’ajouterai qu’à l’huître l’abstinence est fort appréciée car elle engendre de nouveaux lecteurs.


Conclusion :
En conclusion, on peut dire que ne pas tripoter des meufs, c’est pas tellement grave.
L’abstinence, ça a plein de bons cotés, qui sont tous développés sur Internet et sur lesquels je ne reviendrais pas. Et d’ailleurs si notre sujet avait encore toute sa tête, il serait d’accord avec moi.
La semaine prochaine, l’huître testera pour vous : le sexe.
Merci de votre lecture.


XI